La vie d'Auger Gaillard

Le peu que nous savons d'Auger Gaillard est tiré de son oeuvre et de quelques documents notariés.

Le jeune homme

Auger Gaillard naît à Rabastens vers 1530 dans une famille d'artisans aisés. Son père et son frère sont tous deux charrons ; il apprend le métier auprès d'eux.

Dans sa jeunesse, Il fréquente probablement un collège de Rabastens, mais sa formation est très sommaire. Nous savons qu'il joue du rebec (violon médiéval) et fait danser les jeunes gens dans les fêtes, sans bien maîtriser la mesure comme il l'avoue lui-même.

Dans un de ses poèmes, il évoque son état de moine défroqué : jeune homme, il aurait rejoint les franciscains de Rabastens puis aurait quitté les ordres pour se convertir au protestantisme, comme beaucoup de religieux à son époque.

Le soldat

Auger Gaillard prend part aux violences lors de l'occupation de Rabastens par les protestants en 1561.

Il est chassé de la ville lors de la deuxième guerre de religion. Sans ressource, il s'engage dans l'armée de Languedoc-Quercy, dite armée des vicomtes, et participe dans ses rangs au siège de Chartres en 1568.

Il apprécie peu la vie de soldat, d'autant plus que ses espoirs de rapine s'envolent avec la paix de Longjumeau.

Il ne rapporte de Chartres qu'une connaissance approximative du français et "de pesouls un milhé" (un millier de poux).

A son retour, il tient garnison quelques temps à Gaillac et à Salvagnac, puis, son bannissement levé, il regagne Rabastens vers 1570 où il ouvre une boutique de charron.

Le proscrit

Auger Gaillard échappe au massacre des protestants rabastinois le 5 octobre 1572. Il reprend les armes et participe aux deux sièges de Rabastens menés en vain par les protestants en 1572 et en 1573.

Fin 1573, Auger est en garnison à Buzet. En 1575, il participe à l'occupation de Mas Grenier, où il est assiégé par les catholiques.

Il abandonne le combat en 1576, à la faveur de la paix dite "de Monsieur". Il quitte l'armée par lassitude, sentiment qui deviendra avec l'âge un ardent désir de paix et de tolérance.

Auger s'installe à Montauban, ville calviniste où il se sent en sécurité. Il essaie de se marier, sans succès.

Le poète

Auger Gaillard reprend son métier de charron quelque temps puis l'abandonne pour celui de ménétrier (musicien). Il écrit des chansons "gaillardes" en langue d'oc.

A partir de 1576, il est admis chez les nobles et les riches bourgeois de Montauban et des environs. Dans cette société, il joue du violon, il fait danser, il lit ses poésies les plus convenables. On l'invite à la table du maitre.

Il vit difficilement de son nouveau métier.

Son premier livre Las Obros, publié en 1579, se vend mal, car Auger ne peut pas aller le présenter dans les villes voisines en raison de l'insécurité.

Son deuxième ouvrage, Lou Libre Gras est interdit par le consistoire de Montauban.

Seul son troisième livre, Lou Banquet publié en 1583, connaît un certain succès.

Auger quitte Montauban vers 1589 pour s'installer dans le Béarn, probablement pour échapper aux tracasseries du consistoire.

Il réside à Pau et dans les environs. Malgré ses nombreuses requêtes, il n'obtient qu'une petite pension des Etats du Béarn.

Le 25 mai 1595, Auger Gaillard, malade, fait son testament. On pense qu'il est mort ce jour là...