L'oeuvre d'Auger Gaillard

Auger Gaillard n'est pas un poète de cour... Vous ne trouverez pas sous sa plume des images ciselées à la Ronsard.

C'est un homme emporté par le tourbillon de l'Histoire qui s'est engagé dans un combat dont il a perçu rapidement le caractère absurde et cruel. Sa dénonciation de la guerre et ses appels à la tolérance en sont d'autant plus émouvants.

Auger, c'est un bon vivant, "frian coumo un gatou" (gourmand comme un petit chat), qui célèbre les plaisirs simples de la vie au risque de déplaire aux docteurs de la foi.

Auger, C'est un homme du peuple qui veut s'élever par la poésie ; et même s'il cède parfois à la facilité, il travaille sa poésie en bon artisan : "mas un jour, quant auray lezé, la limarey un pauc millou, que vous endourmirez al sou" (mais un jour, quand j'aurai le temps, je la limerai un peu mieux, si bien que vous vous endormirez à son harmonie).

Sa soif de reconnaissance et sa chasse aux subsides peuvent paraître dérisoires, mais il ne cache rien de sa condition et il sait faire preuve à l'occasion d'humour et d'auto-dérision.

En définitive, Auger nous touche parce qu'il a mis sa vie en vers, tout simplement.

Les livres d'Auger Gaillard

Las Obros (1579) : C'est son premier livre ; il a été imprimé clandestinement à Montauban. Un seul exemplaire subsiste à ce jour. Las Obros comprend 49 poésies, 40 en langue d'oc et 9 en français.

Lou Libre Gras (1581) : C'est le deuxième ouvrage d'Auger Gaillard. Aucun exemplaire ne nous est parvenu.

Le livre est connu grâce à son interdiction par le consistoire protestant de Montauban, qui lui reprochait d'être "plein de libelles diffamatoires, de paroles sales et autres, qui ne servoient qu'à escandalle plus tost que d'édification".

Recoumandatious (1582 ou 1583) : Il ne reste que 2 exemplaires de ce petit recueil. Auger Gaillard y flatte sans mesure le roi et le duc de Joyeuse, afin d'obtenir des subsides pour financer l'impression de Lou Banquet.

Lou Banquet (1583) : Il s'agit de l'oeuvre majeure d'Auger Gaillard. Le livre reprend 25 poésies de Las Obros, 3 fragments du Libre Gras et l'intégralité des Recoumandatious, auxquels se rajoutent 88 pièces nouvelles (dont 9 en français).

Il a été imprimé clandestinement à Montauban. Auger y aborde tous les genres : demandes d'argent, flatteries à l'adresse de ses protecteurs, poésies gaillardes, satyres, récits ... "al cal banquet a bel cop de sortos de meises, per so que tout lou moun n'es pas d'un goust" (auquel banquet il y a beaucoup de sortes de mets, parce que tout le monde n'est pas d'un seul goût".

L'Apocalypse (1589) : Livre imprimé à Pau. Le texte d'origine a été reconstitué à partir de fragments épars récupérés dans diverses bibliothèques (la poésie religieuse n'est pas le fort d'Auger Gaillard).

Description du chateau de Pau (1592) : Ce texte a été perdu, il n'est connu que par ouï-dire.

Les amours prodigieuses (1592) : Imprimé à Pau, ce livre est surtout un recueil de requêtes adressées à Catherine de Navarre.

Le cinquième livre (1593) : Livre découvert en 1854 et reperdu à la fin du XIXe siècle. Nous n'en connaissons que les citations faites par ses découvreurs.

Textes choisis

Les textes sont publiés dans leur forme d'origine et sont suivis de leur traduction en français.

Certains textes sont accompagnés d'une illustration sonore. Elle est signalée par une icone audio placée à droite du titre du poème.

L'occitan du XVIème siècle n'était pas normalisé : il était transcrit phonétiquement et l'orthographe d'un mot pouvait varier d'un texte à l'autre.

Les poèmes et leur traduction sont extraits du livre "Auger Gaillard, oeuvres complètes" d'Ernest Nègre (édition Presses Universitaires de France).