Augié mandec uno justo
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Justo, vai t'en dire à Mousur Constans
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Que'l paure Augié l'aimara tant qu'el visquo,
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De miliou cor que cap des abitans,
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Mas que del vi qu'el beu el t'en enplisquo.
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Cado cop ieu souny la roumanisquo,
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Per tal que ieu me vouldrio rejouy :
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Mas nou y a sou que tant me rejouisquo,
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So li diguos, coumo fa lou seu vy.
(Fr) Auger envoya une grosse bouteille
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Bouteille, va-t'en dire à Monsieur Constans
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Que le pauvre Auger l'aimera tant qu'il vivra,
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De meilleur coeur qu'aucun autre habitant,
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Pourvu qu'il t'emplisse du vin qu'il boit.
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Chaque fois je joue la romanisque,
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Afin de tâcher de me réjouir :
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Mais il n'y a aucun air qui me réjouisse,
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Dis le lui, autant que son vin.
Autro letro
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Madomaiselo Marguarido,
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Beleu jamai pus de ma vido
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A fenno n'escrieurey pus ieu,
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Tant que soun marit sera vieu,
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Per so que'l cap de la maisou
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Enten cent cops miliou rasou :
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Car à Mousur vostre marit
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Mandery calque pauc d'escrit
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De hoeit lignios tant soulamen,
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Qu'el peis me mandec prounptamen
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De vy tout uno pinto pleno.
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E n'y prenguery pas de peno
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Lou deime que ieu ne prenguery
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A la rimo que vous farguery.
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Et n'abetz pas de counoissensso :
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Vous me mandatz per recompensso
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De vi uno petito pinto,
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Que ieu gastery may de tinto
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A fa la rimo que sabetz,
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Que de vy mandat nou m'abetz.
(Fr) Autre lettre
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Mademoiselle Marguerite,
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Peut-être jamais plus de ma vie
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Je n'écrirai à une femme,
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Tant que son mari sera en vie,
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Parce que le chef de la maison
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Entend raison cent fois mieux :
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Car à Monsieur votre mari
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J'envoyai un petit écrit
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De huit lignes seulement
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A la suite de quoi il m'envoya promptement
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Une pleine pinte de vin.
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Cependant je n'y avais pas pris
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Le dixième de la peine que j'ai pris
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A la poésie que je forgeai pour vous,
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Et vous n'en avez pas de reconnaissance :
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Vous m'envoyez comme récompense
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Une pinte de vin si petite
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Que j'ai gâté plus d'encre
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A faire la poésie que vous savez
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Que vous ne m'avez envoyé de vin